Après Paris et Lille, la ville de Bordeaux ouvre ses portes aux Restos du Coeur, avec une exposition de l’AFP

28 mai 2025

À l’aube du 40e anniversaire des Restos du Cœur, l’Agence France-Presse propose une exposition photographique itinérante inédite, offrant un regard saisissant sur les visages de la précarité dans la France des années 1980 et ses « nouveaux pauvres », plus tout à fait nouveaux aujourd’hui, mais toujours plus nombreux.

Coluche remercie le député-maire de Bordeaux, Jacques Chaban-Delmas, le 23 novembre 1985, pour avoir facilité la déclaration d’utilité publique des Restaurants du Cœur et pour la mise à disposition par la ville d’une salle afin de servir des repas gratuits aux personnes démunies. © Vincent Amalvy / AFP

Coluche remercie le député-maire de Bordeaux, Jacques Chaban-Delmas, le 23 novembre 1985, pour avoir facilité la déclaration d’utilité publique des Restaurants du Cœur et pour la mise à disposition par la ville d’une salle afin de servir des repas gratuits aux personnes démunies. © Vincent Amalvy / AFP

Après Paris et Lille, c’est à Bordeaux – une des premières villes à avoir accueilli les Restos du Cœur en 1985 – que l’exposition s’installe. “Il ne s’agit pas de politique mais seulement d’humanité”, rappelait alors son maire Jacques Chaban-Delmas.

La bibliothèque Mériadeck, plus grande bibliothèque du réseau bordelais et phare culturel du Port de la Lune, accueille du 16 juin au 26 juillet 2025 l’association née d’une « petite idée » de l’humoriste Coluche, qui fait émerger en 1985 l’espoir au milieu du chaos social.

Quarante images issues du fonds photographique de l’AFP et des objets et fac-similés de documents d’époque tracent un portrait de la France des années 1980, ses SDF, ses bidonvilles, ses vies cassées et ses manifestations incessantes pour réclamer des emplois.

C’est le début de l’ère du chômage de masse, où l’on découvre « les nouveaux pauvres ». Des « gens qui ne mangent pas à leur faim », des jeunes qui ne parviennent pas à s’insérer sur le marché du travail, des seniors frappés par le chômage de longue durée ou une retraite prématurée.

C’est dans ce contexte que surgissent les Restos du Cœur en 1985 et la troupe des Enfoirés en 1989, point de départ d’une mobilisation unique, sur la durée, d’un collectif d’artistes.

« Face à ces images d’archives, une série de portraits d’aujourd’hui vient souligner que la situation n’a guère changé, qu’elle s’est même accentuée et presque banalisée », relève Marielle Eudes, co-commissaire de l’exposition. « Une série qui permet aussi de s’interroger sur le regard que l’on pose 40 ans plus tard sur la pauvreté et la précarité. »

« 40 ans après que la Ville de Bordeaux a accueilli l’association, il nous tenait à cœur que cette exposition voie le jour en Gironde », souligne Patrice Douret, Président bénévole des Restos du Cœur. « Par cette rétrospective, nous voulons aussi rendre hommage aux nombreux bénévoles qui ont contribué dès les premiers jours – et qui continuent encore aujourd’hui dans cette région et dans toute la France – à faire vivre l’élan d’humanité à l’initiative de Coluche. »