Mariette aux Jardins du Cœur : « dans chaque malheur, on peut trouver un petit cadeau »

Seule avec sa petite Marilou et brutalement dépourvue de ressources, Mariette a réussi à rebondir grâce à sa détermination… et à la main tendue des Restos du Cœur. Son sens de l’humain a fait le reste. Elle est aujourd’hui salariée aux Jardins du Cœur. Portrait.

Avec son BTS de commerce en poche, Mariette a commencé sa vie professionnelle en enchaînant les postes dans différentes entreprises des Landes, sa région d’origine. Mais sa dernière expérience d’assistante d’exploitation chez un transporteur lui fait réaliser que le commerce…. ce n’est décidément pas sa tasse de thé ! « J’étais épuisée par le stress et les horaires de travail, incompatibles avec ma vie de mère célibataire », témoigne cette jeune femme de 40 ans, beaucoup plus intéressée par le contact humain que par les objectifs financiers.

« L’important ce n’est pas la chute mais d’avoir quelqu’un pour nous rattraper »

Elle tente alors de négocier une rupture conventionnelle qui se transforme… en abandon de poste et sans la prime promise par l’employeur. Panique à bord : en octobre 2022, Mariette se retrouve quasiment sans ressources pendant trois mois avant de pouvoir toucher le RSA puis le chômage, avec quelque 1 000 € de charges mensuelles incompressibles (loyer, crédit auto, etc.) et un découvert bancaire qui se creuse. Mais comme on dit aux Restos, « l’important ce n’est pas la chute mais d’avoir quelqu’un pour nous rattraper ». Et Mariette saura saisir cette chance.

Un nouveau départ avec les Restos

Première rencontre, premier coup de pouce : l’assistante sociale qu’elle contacte lui permet d’obtenir une aide ponctuelle de 200 € du département, et lui conseille judicieusement de s’inscrire à la distribution alimentaire des Restos du Cœur de Saint-Pierre-du-Mont, sa commune, voisine de Mont-de-Marsan.

Débrouillarde, Mariette négocie encore un découvert avec sa banque et un étalement du paiement de son loyer et des factures d’électricité. « Je savais que j’allais remonter la pente, mais progressivement, et il fallait donc étaler certaines dépenses. »

Sans pour autant s’arrêter de vivre. « Pendant cette période de vaches maigres j’ai entrepris d’aménager ma voiture de façon à partie en camping avec ma fille, en Dordogne ou dans les Pyrénées ! » Un vrai bonheur pour Marilou.

Quelques semaines plus tard, elle apprend que le centre des Restos a besoin de bénévoles et se propose spontanément.

« A l’époque je voulais déjà faire une reconversion dans l’accompagnement social et aider les personnes accueillies allait dans ce sens ; et puis cela légitimait mon droit à l’aide alimentaire. »

Au bout de quelques mois, Evelyne, la responsable du centre, lui propose de suivre la formation d’accompagnant pour la distribution alimentaire au centre de Saint-Perdon, où elle retrouve Guy, un bénévole qu’elle connaît bien : il était son prof en BTS de commerce ! Comme le hasard fait parfois bien les choses, l’atelier du chantier d’insertion des Jardins du cœur se trouve à côté du centre. Un signe du destin qui prendra bientôt tout son sens.

Une formation pour rebondir

C’est là qu’elle décide d’entreprendre sa reconversion professionnelle, convaincue que son avenir se trouve dans l’accompagnement social. Rebondir, un maître mot pour Mariette : « Je le devais à ma fille et je me le devais aussi ». Elle intègre d’abord le dispositif Prépa Compétences, un partenariat Afpa-France Travail visant à définir et valider un projet professionnel pour les personnes privées d’emploi, et à préparer le parcours de formation correspondant. « Dans le même temps j’ai fait un stage de 15 jours aux Jardins du Cœur comme accompagnatrice socio-professionnelle », précise Mariette qui n’avait pas perdu de vue son objectif.

La réussite au bout du chemin

S’en suivra, dès l’automne 2023, une formation de neuf mois en distanciel, ce qui va lui permettre d’assurer son rôle de mère célibataire, mais aussi de poursuivre son bénévolat aux Restos. Elle s’y consacre alors à l’accompagnement des salariés en insertion aux Jardins du Cœur, sous la houlette d’Emeline, l’accompagnatrice socio-professionnelle qui l’aura beaucoup aidée dans son projet. Trois stages en structures associatives et un CDD de 4 mois aux Compagnons bâtisseurs complèteront sa formation. C’est là que survient la bonne surprise ! Janvier 2025 : Emeline quitte les Jardins du Cœur et propose que Mariette la remplace à son poste. A la clé, un CDI sécurisant, avec du temps pour s’occuper de sa fille, et « un métier qui fait sens ». Comme dit Mariette, dont l’optimisme n’est pas la moindre des qualités, « dans chaque malheur on peut trouver un petit cadeau ». Dont acte.