L’exposition « C’est l’histoire d’un pauvre … Les Restos du Cœur 1985-1989 » s’installe au Musée d’histoire de Marseille.

26 août 2025

Après Paris, Lille et Bordeaux, l’exposition s’installe au Musée d’histoire de Marseille du 29 août au 5 octobre 2025. À l’occasion du 40e anniversaire des Restos du Cœur, l’Agence France-Presse propose une exposition photographique itinérante inédite, offrant un regard saisissant sur les visages de la précarité dans la France des années 1980 et ses « nouveaux pauvres », plus tout à fait nouveaux aujourd’hui, mais toujours plus nombreux.

Coluche et le maire de Marseille Gaston Deferre présentent à la presse le 18 janvier 1986 une campagne en faveur des Restos du Cœur et plaident pour l’élaboration d’une loi donnant plus de pouvoir aux associations caritatives. À l’occasion de cette visite, une opération de récupération de denrées alimentaires sera organisée sur les parkings de 14 supermarchés de la région. © Pierre Ciot / AFP

Coluche et le maire de Marseille Gaston Deferre présentent à la presse le 18 janvier 1986 une campagne en faveur des Restos du Cœur et plaident pour l’élaboration d’une loi donnant plus de pouvoir aux associations caritatives. À l’occasion de cette visite, une opération de récupération de denrées alimentaires sera organisée sur les parkings de 14 supermarchés de la région. © Pierre Ciot / AFP

Quand Coluche évoque sa « petite idée » le 26 septembre 1985 au micro d’Europe 1, Gaston Defferre file son sixième mandat à la mairie de Marseille. Également ministre d’État chargé du Plan et de l’Aménagement du territoire sous la présidence de François Mitterrand, l’élu compte parmi les premiers soutiens de Coluche et plaide à ses côtés en faveur d’une loi donnant plus de pouvoir aux associations caritatives.  La première campagne de l’association en 1985 mobilisait 5 000 bénévoles et permettait de distribuer 8,5 millions de repas. En 2023-2024, plus de 75 000 bénévoles réguliers ont distribué 163 millions de repas. Soit près de vingt fois plus.

A l’époque, des transformations économiques profondes précipitent Marseille dans l’ère du chômage de masse. Sous l’impulsion d’une désindustrialisation brutale et de la crise portuaire, une partie des familles, des jeunes issus des classes populaires et d’une immigration récente laissée en déshérence basculent dans la pauvreté. L’habitat insalubre mine le centre-ville et les cités des quartiers Nord où les grands ensembles jadis riants cristallisent désormais pauvreté, chômage et tensions sociales. Dans certains quartiers de la cité phocéenne, le taux de chômage dépasse les 20 %.
A cette urgence sociale, les Restos du Cœur des Bouches-du-Rhône opposent l’accueil inconditionnel, la mobilisation joyeuse et « l’esprit Restos » de ses tout premiers bénévoles. On investit des locaux mis à disposition par la mairie, des paroisses, centres sociaux et associations locales. Ventes aux enchères, opération Caddie, lotos… des distributions alimentaires spontanées s’organisent dans plusieurs quartiers populaires, de la Belle de Mai à Noailles ou Belsunce. Des entreprises et des producteurs de la région soutiennent la cause avec des dons en nature. Dès les premières semaines, plus de 80 000 repas sont distribués. A Aubagne, une bâtisse inoccupée propose un nouveau départ à des personnes aux parcours de vie accidentés et jette les bases d’une structure d’hébergement unique : Vogue la Galère. Le 5 mars 1993, le comité départemental des Bouches‑du‑Rhône se formalise en association juridiquement constituée.
Quarante ans après l’appel de Coluche, les Restos du Cœur des Bouches-du-Rhône accueillent 53 500 personnes, distribuent plus de 4,7 millions de repas et nouent plus de 100 000 contacts avec les gens de la rue grâce à la mobilisation de ses 1 880 bénévoles.

Une expo pour retracer 40 ans d’action de terrain

Le début de l’ère du chômage de masse, où l’on découvre « les nouveaux pauvres ». Des « gens qui ne mangent pas à leur faim », des jeunes qui ne parviennent pas à s’insérer sur le marché du travail, des seniors frappés par le chômage de longue durée ou une retraite prématurée.  

Quarante images issues du fonds photographique de l’AFP et des objets et fac-similés de documents d’époque tracent un portrait de la France des années 1980, ses SDF, ses bidonvilles, ses vies cassées et ses manifestations incessantes pour réclamer des emplois. « Face à ces images d’archives, une série de portraits d’aujourd’hui vient souligner que la situation n’a guère changé, qu’elle s’est même accentuée et presque banalisée », relève Marielle Eudes, Directrice photo « Projets spéciaux » de l’AFP et co-commissaire de l’exposition. « Une série qui permet aussi de s’interroger sur le regard que l’on pose 40 ans plus tard sur la pauvreté et la précarité. »  

 

Infos pratiques

  • Exposition : C’est l’histoire d’un pauvre… Les Restos du Cœur 1985-1989 
  • Lieu : Musée d’histoire de Marseille2 rue Henri Barbusse, 13001 MARSEILLE 
  • Dates : Du 29 août au 5 octobre 2025Ouverte du mardi au dimanche de 9h à 18h  
  • Entrée gratuite
  • Visite guidée : Jeudi 11 et 25 Septembre à 14h