L’artiste Olivier Mosset peint pour les Restos : « ça fait sens d’aider »

17 avril 2024

Figure de la peinture abstraite d’après-guerre, l’artiste plasticien suisse Olivier Mosset s’engage en faveur des Restos du Cœur. Il expose une série d’œuvres dans une galerie parisienne jusqu’au 18 mai. Leur vente est intégralement reversée à l’association. Avec humour et sérieux, l’artiste revient sur l’origine et le sens de ce projet.

Sollicité pour créer une œuvre en faveur des Restos du Cœur, l’artiste plasticien suisse Olivier Mosset a immédiatement pensé réaliser des assiettes. L’expo qu’il présente jusqu’au 18 mai 2024 à Paris présente une série d’assiettes à usage unique numérotées et signées par l’artiste. Le numéro de l’assiette, dessiné en son centre par l’artiste individualise l’œuvre et en fixe également le prix et la valeur marchande. 

 Cette valeur marchande est établie au bénéfice des Restos du Cœur. Comptant que l’association est en mesure de proposer aux personnes qu’elle accueille un repas complet au prix moyen d’un euro. 

“Le collectionneur qui acquiert une assiette à 100 000 euros offre, dans le même temps, 100 000 repas.” 

Dans la lignée d’un œuvre marquée par l’abstraction géométrique et l’utilisation des sèmes – chiffres, lettres, signes – l’assiette devient un support au même titre qu’une toile tendue sur un châssis. Et le dessin – ici, un chiffre – fait de chaque assiette une œuvre unique.  

Comment avez-vous été amené à produire ces sérigraphies en faveur des Restos du cœur ?  

 Il y a quelques années, j’ai réalisé avec d’autres artistes des masques « covid » qui, je crois, ont eu un certain succès. Pour les Restos, je me suis rapidement dit qu’il  faudrait faire des assiettes. Comme disait Mallarmé – il parlait de Rimbaud – : « L’habillement, outre le logis, ne suffit pas… il tarde également de manger ».  Bon, je ne vais pas, tout seul, résoudre les contradictions des systèmes, mais il me semble que, si l’on peut, ça fait sens d’aider ceux qui font ces efforts. 

En quoi cette série fait-elle sens au sein de votre œuvre ?  

L’argent, qui est une relation sociale, semble quelque chose que les banques créent.  Je ne suis pas très au courant de ces affaires de bit-coin, etc… mais il m’a semblé intéressant de voir si on pouvait dans ce cas précis, pour une cause (bonne), d’une certaine manière créer de la valeur.  C’est ce qu’essayent ces assiettes.  On a fait ça, la galerie l’a montré, j’espère qu’ils en ont vendu quelques-unes.  Mais, en dernière analyse, il s’agissait peut-être aussi de donner à d’autres l’idée de faire quelque chose : par exemple des assiettes au profit de votre organisation.  Cette histoire de chiffres, d’ailleurs, m’a rappelé des travaux anciens, où j’avais en effet peint des nombres ( toiles détruites, c’était avant l’art conceptuel, mais après Jasper Johns). 

Vous évoquez un « ready made assisté » pour qualifier cette série. Pouvez-vous expliquer ?  

Marcel Duchamp a dit, je crois, que la peinture actuelle c’était un ready-made assisté : on achète des tubes de peinture, tout fait, et on fait quelque chose.  Là, évidemment ces assiettes existent. En les montrant, modifiées et signées, on fait quelque chose d’autre. 

Pour en savoir plus  :

  • Ecouter Olivier Mosset évoquer son oeuvre dans « Affaires culturelles » (France Culture, 1er février 2024)

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/affaires-culturelles/olivier-mosset-est-l-invite-d-affaires-culturelles-9858730

  • Voir l’exposition d’Olivier Mosset à Gilles Drouault/ galerie multiples, 17 rue Saint Gilles, Paris. Les assiettes sont en vente jusqu’au 18 Mai. L’intégralité des ventes est reversée à l’association.