L’hébergement d’urgence et les aides au logement : au coeur des missions des Restos

20 mai 2020

En cette période de Covid19, toutes les activités liées à l’hébergement d’urgence ont été maintenues. Témoignages sur ces quelques semaines.

Témoignage de Souhila, salariée des Restos du Cœur au sein du réseau logement dans le département 93

Dans le cadre de l’activité logement, nous avons dû arrêter nos visites et entretiens avec les familles accompagnées sur le dispositif logement (bail glissant), mais nous avons maintenu avec elles un contact régulier par téléphone. Nous les avons accompagnées sur la manière dont elles devaient tout d’abord se confiner et nous les avons aidés à trouver des astuces pour supporter le confinement.

Certaines des familles accompagnées ont eu des membres qui ont été atteints du COVID. Pour la plupart d’entre elles, la maladie est passée assez vite.

Mais un monsieur âgé et isolé que j’accompagne sur le dispositif logement est tombé malade. Un jour au téléphone, il m’a décrit ses symptômes, je lui demande s’il a pris contact avec son médecin mais il ne semble pas saisir la gravité de son état et il était seulement préoccupé par le fait qu’il n’avait pas réussi à se nourrir depuis 2 jours. J’ai alors contacté le 15 pour signaler sa situation. Il a été hospitalisé dans un service COVID à l’hôpital intercommunal de Montreuil. Tout au long de sa prise en charge, je suis restée en contact avec l’équipe médicale et notamment le médecin du service. Une fois complètement rétabli, et avec les recommandations du médecin, j’ai organisé la désinfection totale de son logement avant son retour à domicile et mis en place l’accompagnement à domicile nécessaire (aide à domicile, portage de repas).

Concernant l’accompagnement, j’ai adapté ma façon de travailler auprès des familles, avec notamment l’utilisation de l’audioconférence pour les aider à contacter par exemple les administrations. Lorsque cela était impératif, j’ai rendu visite aux familles en bas de leur immeuble en appliquant les gestes barrières, la distanciation et le port du masque. Une relation particulière s’est naturellement installée entre les familles et moi ; elles étaient autant inquiètes pour moi que je l’étais pour elle.

Le département de la Seine-Saint-Denis a également été touché par une violente augmentation de la précarité des familles. Notre partenaire Emmaüs Habitat nous a alors sollicité pour une action aide alimentaire. Nous avons alors mis en place une distribution alimentaire au cœur des cités Emmaüs en lien avec les associations de quartier.

Chaque semaine, nous préparons et délivrons des colis alimentaires à des familles en bas d’immeuble, des familles qui ont été identifiés par les associations de quartier. Nous avons fait ça pour la cité de l’Europe à Aulnay Sous Bois avec la régie de quartier d’Aulnay, à la cité Floréal au Blanc Mesnil avec l’Association Entraide et à la cité de l’Etoile à Bobigny avec l’Association Phoenix.

L’accompagnement classique des familles va se remettre en place progressivement. Je reste complètement disponible pour les familles qui ressentiraient le besoin de me rencontrer. J’adapte au fur et à mesure des circonstances, les modalités de visite ou d’entretien et rassure au maximum les familles, du mieux que je peux.


La Péniche du Cœur, centre d’hébergement d’urgence au cœur de Paris.

Lutter contre la grande exclusion : adaptation, réorganisation pour faire face à la crise sanitaire, notre centre d’hébergement d’urgence « La Péniche du Coeur « à Paris a dû déplacer 20 places ouvertes aux sans-abris dans un gymnase voisin.

Reportage 


Témoignage de Joël, bénévole à l’association départementale des Restos du Cœur de la Sarthe, sur la réorganisation de la vie aux Toits du Cœur.

A l’annonce du confinement nous avons fait un stock de nourriture. Tous les jours les salarié.e.s de cette structure ont mis les quantités de nourriture nécessaires à disposition dans la cuisine pour les résidentes.

Ces dernières ont dû préparer et prendre le repas de façon individuelle. Au vu des inquiétudes ressenties par certaines, il a été autorisé exceptionnellement de manger dans les chambres. Durant la préparation des repas le port du masque, des gants, de la charlotte et du tablier ont été obligatoires. Après chaque repas une désinfection de la cuisine et des tables sont faits par les résidentes.

Dans le centre d’hébergement d’urgence des Toits du Cœur, tous les gestes barrières ont été mis en place : port du masque, distances de sécurité et désinfection des mains sont bien sûr la règle. Du gel hydroalcoolique, des masques et du papier à usage unique ont été mis à disposition dans l’enceinte de la structure. Tous les jours les personnes présentes ont procédé à une désinfection des locaux privatifs et collectifs.

Nous avons dû interrompre les entretiens individuels mais nous avons pu bien sûr maintenir le lien dans les situations d’urgence avec la salariée intervenante sociale dans un protocole strict des mesures barrières. Nous avons continué à maintenir la fonction hébergement /gîte /couvert /accueil et écoute personnalisée en situation d’urgence COVID 19 et de la réglementation découlant de l’urgence sanitaire.

Grâce au soutien de l’ARS et de la DDCS 72 très facilitateurs, nous avons pu organiser tout le protocole sanitaire pour la prise en charge et le suivi d’une des résidentes qui avait été atteinte par le COVID19. Nous avons bénéficié pour la mise en quarantaine d’une place en appartement de coordination thérapeutique et du suivi sanitaire en découlant.

Nous avons eu peur, oui, mais la peur n’a pas empêché notre mission et notre action d’étape transitoire pour toutes ces personnes qui comptent sur nous.